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Les yeux fermés on rêve à cette maison non loin de Grenade ou Cordoue. On sent la fraîcheur qui émane de la fontaine au milieu du patio. Le vert profond. Le pourpre des figuiers. 

La brise vient chercher le visage, se mêle à la chaleur du soleil d'après midi. Depuis la cuisine, une voix de femme se lève, toute d'une. 

 

Elle chante le temps. Celui d'avant. Celui de maintenant. Elle chante demain. 

L'histoire ne s'oublie pas.  

 

Les mains couvertes de farine, d'huile et de cannelle, elle transmet au vent en un souffle fougueux les histoires de son peuple qui ne s'endort pas. Depuis Istanbul le rythme cadencé du oud accompagne sa voix. Les enfants courent, s'imprègnent, fredonnent, trempant leurs doigts gourmand dans le mélange d'oeufs, de noix, de sucre et de cardamome de là-bas.

 

Elle chante le temps.

Celui d'ici, celui d’ailleurs, et de plus loin encore. 

 

Le son des peaux traverse l'eau d'Afrique jusqu'à ses pas dansant. Elle chante les femmes, l'amour qui nait, qui se défait, le désir, les douleurs. Elle chante la bible, ses Braves, que les anciens et les enfants sachent. Elle chante les rites. 

Sur un dernier zeybek elle entrelace voyages forcés et savant mélange de la rencontre des peuples.  

Bientôt les travados seront nappés de leur sirop, pour le plaisir des siens.

 

Le temps est écoulé. le temps est partout.

 

 

"Qu'ils soient heureux et nous aussi !"

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